MARS 21 : JOURNÉE INTERNATIONALE POUR L’ÉLIMINATION DE LA DISCRIMINATION RACIALE

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Many members of disabled soccer clubs in Port au Prince Haiti, live in a camp for displaced people specially for disabled people. Photo Logan Abassi UN/MINUSTAH

Genève, 21 mars 2019

Atténuer et contrer le populisme nationaliste naissant et les idéologies suprémacistes extrémistes
La Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale commémore la lutte contre le racisme, l’intolérance et la discrimination. Le 21 mars 1960, la police a tué 69 personnes qui manifestaient pacifiquement contre les ’’lois sur les passeports intérieurs’’ à Sharpeville (Afrique du Sud) durant l’apartheid. En proclamant la Journée internationale en 1966, l’Assemblée générale des Nations Unies a appelé à redoubler d’efforts pour éliminer toutes les formes de discrimination raciale.

Célébrant cette journée en 2019, nous assistons à la montée en puissance des mouvements extrémistes promouvant les idéologies populistes et nationalistes de supériorité raciale dans différentes régions du monde. Nous sommes alarmés par le fait que les dirigeants et les partis politiques soutiennent et alimentent le climat de discrimination raciale, de xénophobie et d’intolérance visant les migrants, les réfugiés, les demandeurs d’asile et les membres de minorités raciales et ethniques. Le nationalisme agressif et le discours populiste mettent l’accent sur la’’pureté’’ raciale et établissent une séparation extrêmement dangereuse entre ’’nous et eux’’, entre les ’’vrais’’ citoyens et les ’’étrangers’’. Cette tendance scandaleuse se propage à une très grande vitesse en particulier aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France, aux Pays-Bas, en Slovaquie, en République tchèque, en Hongrie et en Italie.

L’histoire moderne nous présente des occasions poignantes pour nous rappeler les conséquences de l’intolérance à l’égard de la différence. La montée effrayante de l’intolérance religieuse, en particulier du sentiment antimusulman au Myanmar, a entraîné des incidents de discours de haine ainsi qu’une incitation à la haine et à la violence. L’influence croissante des groupes bouddhistes nationalistes et l’adoption de lois discriminatoires par le Parlement ont aggravé davantage la situation des groupes minoritaires. Les nouvelles lois visant à ’’protéger la race et la religion’’ – Loi sur la Conversion Religieuse, Loi Spéciale sur le Mariage des Femmes Bouddhistes, Loi sur la Sécurité Sociale relative au Contrôle de la Population, et la Loi sur la Monogamie – ont été adoptées en dépit de dispositions violant les droits humains, notamment la discrimination sur les bases de la religion et du genre. En outre, l’annulation des ’’cartes blanches’’ (cartes d’enregistrement temporaires) en vertu d’un décret présidentiel constituait un obstacle efficace à la participation des membres de la communauté Rohingya en raison de l’absence de toute pièce d’identité.
Tandis que les autorités nationales et locales mènent des politiques discriminatoires, les forces de sécurité mettent en œuvre des opérations dites de ’’déminage’’. Les forces armées du Myanmar (Tatmadaw) et les Forces de Police des Gardes-Frontières du Myanmar qui ont mis en œuvre ces opérations ont délibérément tué des civils Rohingya, y compris des femmes et des enfants, par tirs de grenades, des fusillades tantôt au hasard tantôt ciblées, par coups de couteau et en leur tranchant la gorge, en les frappant jusqu’à la mort et en les brûlant dans les maisons. Les rapports les plus inquiétants signalent la cruauté consistant à tuer des bébés et des petits enfants souvent sous les yeux de leurs mères violées.

La récente tragédie survenue au centre-ville de Christchurch, qui a fait cinquante morts et des dizaines de blessés dans deux mosquées pendant la prière de vendredi, a plongé la Nouvelle-Zélande dans le choc et de chagrin. Nous exprimons nos sincères condoléances aux proches des victimes et condamnons les actes horribles de l’auteur de ce crime. La réaction immédiate de la première ministre Ardern à la suite du pire attentat terroriste de l’histoire moderne de la nation est digne de louange. Sa direction et sa gestion ferme de la situation, axées sur les victimes, avec une touche d’empathie et de compassion, fixent haut la barre et constituent un excellent exemple à suivre pour les dirigeants du monde.

Dans le droit international, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme énonce l’interdiction fondamentale du racisme et de la discrimination : « Toute personne a droit à tous les droits humains et toutes les libertés, sans distinction d’aucune sorte, telles que la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion, l’opinion politique ou autre, l’origine nationale ou sociale, la propriété, la naissance ou autre statut ». En outre, le préambule de la Convention Internationale pour l’Elimination de Toutes les Formes de Discrimination Raciale stipule clairement que « toute doctrine de supériorité fondée sur la différenciation raciale est scientifiquement fausse, moralement condamnable, socialement injuste et dangereuse, et que rien nulle part, ne justifie la discrimination raciale, ni en théorie, ni en pratique ». Le préambule oblige les États parties à condamner toute propagande d’idées ou de théories portant sur la supériorité d’une race ou d’un groupe de personnes d’une couleur ou d’une origine ethnique ou qui tente de justifier ou de promouvoir la haine raciale et la discrimination sous quelque forme que ce soit. Il les oblige également à adopter des mesures immédiates et positives visant à éliminer toute incitation et tout acte de discrimination.

Les États ont l’obligation légale de lutter contre l’incitation à la haine et les structures appliquant des idées racistes, nationalistes et xénophobes. Nous appelons les États à prendre des mesures audacieuses pour appliquer les lois contre les discours de haine, y compris en ligne, dans le respect du droit international des droits de l’homme. Il faut reconnaître publiquement que les idéologies populistes, d’extrême droite et suprémacistes extrémistes menacent l’égalité raciale et la paix. Les peines civiles et pénales des contrevenants ne suffisent pas. Les lois sur les armes à feu devraient être revues. Les programmes éducatifs de lutte contre le racisme, la discrimination et l’intolérance devraient devenir une nécessité dans tous les secteurs. De plus, les entreprises devraient également lutter contre le racisme, y compris les entreprises de technologie. L’organisation des nations unies devrait poursuivre activement son discours actuel afin de tenir les États responsables à l’égard de leurs obligations juridiques internationales.

LECTURE COMPLEMENTAIRE

• Résolution 73/262 de l’Assemblée générale du 22 décembre 2018 intitulée « Appel mondial pour une action concrète visant à l’élimination totale du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée et de l’application intégrale et au suivi de la Déclaration et du Programme d’action de Durban ».

• Résolution 36/24 du Conseil des droits de l’homme du 29 septembre 2017 intitulée « De la rhétorique à la réalité : appel mondial pour une action concrète contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée».

• Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants (résolution 71/1 de l’Assemblée générale du 19 septembre 2016)

• Rapport du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme sur la promotion et la protection des droits fondamentaux des migrants dans le contexte des déplacements massifs (A / HRC / 33/67) et page Web du HCDH contenant des contributions)

• Principes et directives recommandés par le HCDH sur les droits de l’homme aux frontières internationales (2014)
• Comité pour l’élimination de la discrimination raciale, Recommandation générale no 35 sur la lutte contre le discours de haine raciste (2013).

• Comité des droits de l’homme, Observation générale no 34 sur l’article 19 : Libertés d’opinion et d’expression
• Déclaration et programme d’action de Durban (2001)

• Rapport du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme sur les ateliers d’experts sur l’interdiction de l’incitation à la haine nationale, raciale ou religieuse (A / HRC / 22/17 / Add.4)
• Rapport de la Rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, Tendayi Achiume, à l’Assemblée générale sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance associée (A / 73/305).
• Rapport du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme sur la lutte contre l’intolérance, les stéréotypes négatifs, la stigmatisation, la discrimination, l’incitation à la violence et la violence à l’encontre des personnes fondés sur la religion ou la conviction (A/ HRC / 40/44)

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